mercredi 27 mai 2009

Poids et mesures d'antan d'après l'histoire d'un pont.


Je vais vous conter la petite histoire du Pont bascule qui longe la route des platanes centenaires.
Ce pont a été mis en place entre 1938 et 1939 par Luhn et Fleichel, établis à Jarville, petite ville du joli département de la Meurthe-et-Moselle.

La décision de la construction de cet ouvrage a été prise par le conseil municipal, suite aux demandes pressantes d'agriculteurs qui voulaient vendre la paille, le fourrage et le grain qu'ils avaient en surplus. Il servait également à peser les bovins que le boucher achetait dans les fermes. Dès 1945, son activité a été intense surtout au moment de la récolte des fourrages, où deux à trois camions étaient quotidiennement pesés à vide et une fois chargés.

Puis petit à petit, son intensité a régressé. Et aujourd'hui, il est "hors service."

De mémoires d'anciens, ce pont bascule était le plus important du canton d'Alaigne, car son tablier de 7 mètres sur 3 pouvait supporter une charge de 30 tonnes. Il a d'ailleurs été refait en 1983 avec la participation des communes voisines. Sa situation près de l'ancienne gare du village pourrait se justifier par les wagons transportant de l'engrais qui était vendu au détail auprès des petits cultivateurs qui venaient faire peser leur chargement.

C'était le garde-champêtre, Clément Cavaillès, qui assurait le service. Avant chaque pesée, il fallait régler la bascule car le tablier extérieur étant en bois, il suffisait de quelques gouttes de pluie pour fausser la pesée. Alors, on ajoutait ou on retirait des petits cailloux qui servaient de contre-poids sur le plateau de la bascule. Ensuite, le peseur remplissait à l'aide d'un porte-plume ou d'un crayon à papier le ticket en faisant la soustraction entre le poids total en charge et la tare, ce qui donnait le poids net du chargement.
Très bon exercice d'arithmétique, car à cette époque il n'y avait pas de calculette. Oui mais il y avait le contact humain car cela permettait au chauffeur du camion et au garde-champêtre de discuter du temps, de la rougeole du petit dernier et puis...et puis il y eut la guerre.

De nos jours, le pesage se fait sur des bascules automatiques qui délivrent un petit carré de papier que l'on appelle ticket et sur lequel est inscrit en caractère d'imprimerie le poids.Et bien sûr ça va plus vite. Mais ne vivons-nous pas une époque dans laquelle il faut aller toujours vite ? " Vite je suis pressé car je vais travailler" ou encore : " Je suis obligé de vous quitter car je dois vite déjeuner." Tout va trop vite et nous ne savons pas dire une phrase sans employer cet adverbe. Avant, les gens ( y compris les femmes) travaillaient autant dans les champs que dans les usines. Mais le soir venu, ils se retrouvaient en famille, prenant le temps de discuter, de manger et même dormir.

Il y a quelques années, ce pont bascule, laissé à l'abandon, a beaucoup souffert des outrages du temps. Alors, un certain automne 2001, une équipe de bénévoles, dont deux enfants du pays aux cheveux blancs et trois "étrangers" comme les autochtones les appellent, ont décidé de donner non seulement de la couleur aux murs, mais aussi de refaire le toit, crépir les murs, changer la petite fenêtre et la porte. Puis un petit banc et des jardinières de fleurs ont été installés. Dernière touche décorative, un panneau circulaire peint en blanc et portant les inscriptions " Bellegarde-du- Razès, circulade de l'an 1000". La commune fait partie des villages circulaires.
Depuis la nouvelle municipalité et grâce à celle-ci une belle charrette remplie de sacs en jute semble attendre la pesée d'autrefois.
J'espère que cette petite histoire d'un coin de notre village vous aura appris un peu plus sur votre bourgade.

A suivre...

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